« L’industrie potière a été de tout temps florissante en Basse Normandie… »
« Parmi les ateliers artistiques… il n’en est pas de plus intéressants à étudier que ceux de Manerbe et du Pré-d’Auge ».
Étienne Deville1
On trouvait en quantité à Manerbe tout ce qui était nécessaire pour faire de la poterie : de l’argile de qualité, de l’eau et le bois indispensable pour chauffer les fours. Il semble donc vraisemblable que l’industrie potière y ait été présente au moins depuis l’époque gallo-romaine.
« L’industrie potière a été de tout temps florissante en Basse Normandie… »
« Parmi les ateliers artistiques… il n’en est pas de plus intéressants à étudier que ceux de Manerbe et du Pré-d’Auge ».
Étienne Deville1
En effet, au-delà de la production de tout ce qui était indispensable à l’usage courant (poterie domestique, tuiles, pavés…) nos potiers locaux se sont distingués par leur savoir-faire artistique. Pour preuve, voici ce qu’écrivait en 1631 un historien2 normand contemporain : « On fait à Manerbe, près Lysieux, des vaisselles de terre qui ne cèdent en beauté et en artifice, à celle qu’on nous apporte de Venise ». Cependant, c’est à partir du XVème siècle, et surtout les deux suivants, que cet art de la terre atteint son apogée notamment avec la production de remarquables épis de faîtage en terre cuite émaillée.
Ainsi, de son banal rôle d’accessoire assurant la protection du poinçon en bois qui dépassait du toit, l’épi devient œuvre d’art. Il orne principalement châteaux et manoirs et devient signe de distinction pour leur propriétaire. L’histoire à ce jour nous fait toujours défaut pour savoir ce qui a transformé nos traditionnels potiers en artistes imprégnés d’art italien et maîtrisant l’art de la céramique au point d’être confondus avec le Maître Bernard Palissy. Des artistes transalpins se seraient-ils établis dans notre région ? Certains le pensent. Quoi qu’il en soit, le résultat est là, même si, malheureusement, les rares traces qui subsistent de ce glorieux passé ne sont désormais visibles que dans quelques musées (Lisieux, Caen, Rouen, Paris, Sèvres, Lille, Limoges, Lyon…).
Composé de plusieurs éléments qui s’enfilent sur une tige de fer, l’épi dépasse fréquemment les 1,40 mètres. Trois éléments essentiels le composent :
Les teintes les plus couramment employées sont le bleu azur, le blanc, le vert, le jaune.
La glorieuse période artistique disparaît au cours du XVIIIème siècle.
Hervé Declomesnil, Architecte DPLG chargé des travaux de restauration de l’église Saint Jean-Baptiste, dans son étude préalable réalisée en 2019, a suggéré «…d’installer à la liaison du faîtage et des arêtiers du chœur un grand épi de faîtage des poteries de Bavent afin de rappeler le passé glorieux de la Commune ».
L’Association «Manerbe Patrimoine» créée en 2008 pour «la sauvegarde et la restauration du patrimoine communal» s’est aussi fixé pour objectif d’en «développer la connaissance» et «sa mise en valeur».
Comme le souligne E. Deville, « L’histoire de la céramique de Manerbe et du Pré-d’Auge est très peu connue. Les rares auteurs qui lui ont consacré quelques lignes, l’ont fait avec une brièveté et un laconisme que beaucoup d’érudits ont imité ».
Il y avait là pour notre Association un important mais passionnant défi à relever pour sortir de l’oubli près de trois siècles de notre patrimoine immatériel. Un long cheminement, et nombre
d’étapes à franchir :
Enfin, ne pas perdre de vue l’objectif : Notre désir est de faire savoir à tous ceux qui s’interrogeront sur la présence d’un pélican sur l’église Saint Jean-Baptiste, édifice emblématique de notre village, qu’il est là pour rappeler que pendant près de trois siècles des artistes locaux ont porté très haut la renommée de Manerbe.